Nouvelle génération, nouvelles écoles : Comment réconcilier l’éducation et l’urgence écologique ?
À l’horizon 2030, comment les écoles adaptent-elles leur enseignement pour préparer les jeunes aux défis écologiques croissants ?
En 2030, les enfants du nouveau millénaire auront 30 ans. Cette génération, façonnée par les crises successives du 21ème siècle, hérite d'un monde marqué par l'incertitude. On lui promet un avenir jonché de défis inédits : au cœur de ceux-ci, le réchauffement climatique, entrecroisé de problématiques d’inégalités sociales et d’instabilités économiques. Face à cette réalité, une palette d'émotions se dessine : de l'éco-anxiété au renoncement, de la colère à une envie pressante d'agir. Mais quel avenir pour cette génération qui, dès aujourd’hui, semble en quête de sens ?
L'éveil d'une génération : des étudiants qui se mobilisent et qui font monter la pression
Pour beaucoup de jeunes, l’urgence écologique est devenue une réalité incontournable. À l’École Polytechnique, à AgroParisTech ou encore à HEC, les étudiants s'unissent pour dénoncer les contradictions des modèles économiques traditionnels. La pression ne cesse alors de monter du côté des entreprises. Les jeunes diplômés interpellent les recruteurs potentiels, exigeant des actions concrètes face aux défis écologiques et sociétaux. À AgroParisTech et ailleurs, ces futurs décideurs refusent d'être complices silencieux d'un système qu'ils jugent obsolète.
En 2023, une lettre ouverte signée par 1 240 étudiants de ces institutions annonce leur refus de rejoindre les rangs de BNP Paribas, accusée de financer de nouveaux projets d'extraction de pétrole et de gaz (Nouvel Obs). Ce geste, sans précédent, témoigne de la force d’une génération qui refuse le statu quo.
Les écoles à la croisée des chemins : l’appel à une réforme face aux défis environnementaux
Ces prises de position ne sont pas de simples coups de colère : elles sont également le reflet d’une pression croissante auprès des établissements d’éducation pour placer le changement climatique et les questions écologiques au cœur des programmes académiques. Les écoles, attirant les grandes entreprises en recherche de talents, sont aujourd’hui confrontées à une remise en question profonde de leur rôle et de leur mission. Le "Manifeste pour un réveil écologique" (NY Times), lancé en 2018 par des étudiants, a recueilli 30 000 signatures en quelques semaines, appelant à une refonte complète de l’éducation supérieure pour intégrer les enjeux environnementaux.
C’est un mouvement qui envoie un signal fort aux établissements de l’enseignement supérieur : ils doivent repenser leur proposition de valeur. Une étude de 2019 du think tank The Shift Project (The Shift Project) révèle qu’à peine un quart des programmes diplômants en France propose des cours sur le climat et les enjeux énergétiques, souvent non obligatoires.
Une première réponse à cette problématique a été adressée en 2022 par Sylvie Retailleau, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. “D’ici 2025, tous les étudiants seront formés à la transition écologique”, a-t-elle déclaré. Concrètement, depuis 2017, des enseignements obligatoires prennent progressivement leur place au sein des cursus afin qu’à la rentrée 2025, plus d’un million d’étudiants en premier cycle soient formés à “un socle commun de connaissance et de compétences sur le changement climatique, la biodiversité et sa préservation, les ressources et leur disponibilité, ainsi que sur l’équité sociale de la transition.” (Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche)
Vers une transformation positive : des écoles à l’avant-garde du changement
Face à ces attentes grandissantes, certaines écoles ont pris la mesure du défi. C'est ici que notre cabinet de conseil à impact Transformation Positive intervient pour accompagner cette transformation. L’école de commerce ISC Paris, par exemple, a bénéficié de cet accompagnement pour redéfinir sa raison d’être, désormais définie ainsi : "Transmettre à chacun le goût de l’engagement pour contribuer à bâtir un monde heureux." Sous l’impulsion de Transformation Positive, l'école a aussi lancé en 2020 un MSc en Communication et Marketing Responsable, visant à former des professionnels capables d'allier réussite business et engagement sociétal.
Du côté de Sciences Po Paris, David Garbous, le fondateur de Transformation Positive, anime le cours "Marketing durable" au sein du Master Marketing et Société. En explorant comment le marketing peut devenir un levier de changement positif, ce cours offre aux étudiants la possibilité de repenser les modèles traditionnels pour imaginer des horizons désirables, loin des pratiques consuméristes habituelles. Car oui, le marketing est un puissant reflet des valeurs sociétales. En effet, il capte et traduit les préoccupations et aspirations de la société ; il évolue en réponse aux changements culturels et environnementaux. Les futurs marketeurs sont ainsi invités à mener une réflexion profonde pour créer des campagnes qui non seulement captivent mais inspirent aussi des comportements plus durables.
Ces dynamiques de transformation ne sont pas des cas isolés dans le paysage des grandes écoles françaises. À l’École Polytechnique, un "Plan Climat" a été publié en janvier 2022, plaçant les enjeux du développement durable au cœur de ses missions : formation, recherche, innovation, et même dans la gestion quotidienne de son campus (Polytechnique). Dans le même esprit, l'ESSEC a lancé son initiative « Together » pour renforcer son engagement écologique (ESSEC). HEC Paris, de son côté, a également repensé l'ensemble de son programme pour faire en sorte que 20 % des cours soient désormais dédiés aux questions environnementales, incluant notamment un cours sur les enjeux planétaires, assuré par François Gemenne, co-auteur du sixième rapport du GIEC (Le Figaro Étudiant).
L’intégration de ces principes dans la formation académique permet aux écoles de préparer leurs étudiants à devenir des acteurs du changement, capables de transformer le monde des affaires pour qu'il soit en harmonie avec les aspirations écologiques de notre époque. En accompagnant écoles et entreprises à redéfinir leurs missions et pratiques, Transformation Positive participe à cette construction collective d’un avenir désirable, car 2030, c’est déjà demain.
1. Loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) : Entrée en vigueur en 2020 en France, cette loi vise à réduire les déchets et promouvoir l'économie circulaire. Elle inclut des mesures comme l'interdiction progressive des plastiques à usage unique, l'obligation de réemploi des emballages, et l'étiquetage pour mieux informer les consommateurs
2. Green Claims : Une initiative européenne pour encadrer les allégations environnementales des entreprises. Elle impose des règles strictes pour éviter le greenwashing, exigeant que toute revendication écologique soit basée sur des données vérifiables et comparables.
3. CSRD : Directive européenne qui renforce le reporting extra-financier des entreprises. À partir de 2024, elle oblige les grandes entreprises à publier des informations détaillées sur leur impact environnemental, social et de gouvernance (ESG), selon des normes harmonisées (ESRS).